[Gin] Un travail de détective (1/2)

Au Gin, après un peu de pratique, vous comprendrez très vite que si vous pouviez lire dans le jeu de votre adversaire, vous auriez un très gros avantage. Il est évident que cela est impossible, mais si vous pouviez arriver à faire d'habiles déductions sur la composition de la main de votre adversaire et sur son plan de jeu, vous deviendrez un joueur de gin expérimenté qui gagnera beaucoup plus facilement qu'un autre.
Essayez donc de vous livrer à petit jeu de détective et décelez grâce à certains indices, d’utiles informations dont vous tirerez le meilleur profit.
Ces indices vous seront fournis par le jeu de votre adversaire lui même. Faites très attention aux cartes dont il s'empare lorsque vous les défaussez c'est évident mais n'omettez jamais également de surveiller les cartes dont vous vous défaussez et qu'il ne prend pas. Il y a également une histoire qui se cache derrière chaque défausse de votre adversaire, et dans l'ordre dans lequel elles sont effectuées. Voyez également sa façon de défausser : montre t-il une certaine hésitation ou au contraire le fait-il facilement et rapidement? Vous devez aussi considérer que votre adversaire pourra appliquer un plan au début du coup et le modifier par la suite selon le déroulement du jeu. N'omettez pas aussi de suivre l'avancement de la marque, non seulement pour vous même mais également pour lui, son jeu pouvant être dicté par son avance ou son retard au score.

Identifiez une combinaison votre adversaire

Quand votre adversaire s’empare d’une carte que vous venez de défausser, vous devez essayer d’en connaître les raisons. Autrement dit, dans quelle combinaison de votre adversaire cette carte va-t-elle être incluse ?

• Il est par exemple élémentaire de déduire qu’un joueur a une séquence s’il s’est emparé de et qu’il ait ensuite immédiatement défaussé un autre roi.
  
• Il est également élémentaire de déduire qu’il a un brelan de rois, s’il s’empare de et qu’il défausse ensuite ou .
  Ce raisonnement facile peut s’appliquer bien entendu à toute carte du paquet, et ces déductions sont faites très aisément, même par les joueurs débutants.

Mais ce qui est un peu difficile c’est de tirer des déductions de ce que votre adversaire ne fait pas. Nous allons examiner un exemple dans le détail :

Premier problème

Supposez que vous venez de défausser que votre adversaire refuse. Ce dernier tire du talon et défausse ensuite . Vous tirez à votre tour que vous défaussez. Votre adversaire s’empare avec avidité de cette dernière carte, et vous venez de vous rendre compte qu’en lui donnant cette carte, votre adversaire vient de réaliser une combinaison. Il défausse ensuite et vous tirez du talon. A ce moment, votre main se présente ainsi : . Les deux cartes qui vous intéressent le moins sont donc et mais laquelle jeter de préférence ?

Votre adversaire a-t-il la séquence et dans ce cas vous défausserez , ou a-t-il un brelan de valets et dans cas, vous défausserez ?

Je vous laisse chercher un peu et soumettrai d'autres petits problèmes par la suite

Voici un raisonnement intéressant :

Il reste deux valets. et

Si l'adversaire a ces cartes, il se trouve avant de jeter son avec :



La ne l'aide probablement pas.

S'il avait cette main, il ne se serait sans doute pas défaussé du mais du pour plusieurs raisons. D'abord le roi lui donne un out, ensuite en jetant le dix, il peut t'inciter à jeter un valet si tu en as un.

Donc il n'a sans doute pas le brelan de valets.

A l'inverse s'il a la tierce, sa main avant de se défausser du roi est



Comme il n'a pas pris le c'est qu'il n'avait pas la paire de rois. Donc il vient de tirer le et s'en débarrasse tout de suite car ça n'ajoute qu'un out a ça main et présente peu de danger.

Manifestement il a la tierce.


Comment ça, ça n'a ni queue ni tête ?

T_Chance a écrit:
Comme il n'a pas pris le c'est qu'il n'avait pas la paire de rois. Donc il vient de tirer le et s'en débarrasse tout de suite car ça n'ajoute qu'un out a ça main et présente peu de danger.

Ce raisonnement semble se tenir mais il y a quelque chose qui me gêne, sans que j'arrive à expliquer précisément.

Je préfère la solution suivante donnée par Guy Rebour dans son livre "Gin Rami" :

Un joueur moyen pourrait raisonner comme suit : je ne peux savoir s’il a un brelan ou une séquence, j’ai donc une chance de tomber juste. Si je jette et que mon adversaire n’a pas le brelan de valets je suis absolument tranquille; Si je jette et que mon adversaire n’a pas la séquence, je ne suis pas tout à fait tranquille car il pourrait avoir et il compléterait ainsi une séquence. Donc il est préférable de jeter

Ce raisonnement se tiendrait si vraiment vous ne pouviez pas déterminer ce que détient votre adversaire. Mais dans notre exemple, il ne s’agit pas d’une simple devinette, vous devez pouvoir affirmer qu’il détient les valets. Pour déduire cela, il suffit de répondre à cette question : lorsque votre adversaire s’est emparé de avait-il et ? Si la réponse est non, c’est bien évidemment qu’il a pris le valet pour compléter un brelan.

Rappelons pour commencer qu’au tour précédent, votre adversaire avait refusé de prendre et avait défaussé . S’il avait eu et en même temps que dans sa main, il aurait pris pour former un brelan de rois. Mais il ne l’a pas fait, il n’avait donc pas dans sa main et donc il n’a pas pris pour compléter une séquence mais pour compléter un brelan (en admettant bien sûr que l’adversaire ne spécule pas sur sa main).

On pourrait dire qu’il avait seulement dans sa main (et non le roi) lorsqu’il a refusé , ensuite il aurait tiré du talon et aurait eu la chance de toucher , mais on voit tout de suite que cette possibilité est vraiment très aléatoire et on doit pouvoir affirmer qu’il a utilisé le valet pour former un brelan. Il faudra défausser , en courant seulement le risque très restreint que votre adversaire ait en main .

Dans de nombreux cas comme dans cet exemple, vous pouvez être à peu près sûr d’avoir choisi la bonne solution, mais quelquefois dans d’autres cas, votre travail de dédective peut se réveler absolument parfait. Nous verrons cela dans un prochain exemple.

IckyThump a écrit:

T_Chance a écrit:
Comme il n'a pas pris le c'est qu'il n'avait pas la paire de rois. Donc il vient de tirer le et s'en débarrasse tout de suite car ça n'ajoute qu'un out a ça main et présente peu de danger.

Ce raisonnement semble se tenir mais il y a quelque chose qui me gêne, sans que j'arrive à expliquer précisément.

Je pense que ce qui te gène c'est que précédemment j'ai expliqué qu'il devait avoir les valets parce qu'il n'allait pas se débarrasser du roi de carreau qui ne lui donne qu'un out alors qu'il a le 10 de carreau qui ne lui en donne pas et ici je dis qu'il se débarrasse du roi parce qu'il ne lui donne qu'on out, mais en fait, le dix de carreau ne l'aide pas plus, donc mon raisonnement ne tient pas.
En fait, ici il jette le roi pour des raisons défensives. Le roi ne peut pas t'aider alors que le 10 peut.
J'ai juste cherché à démontrer qu'il avait les trèfles parce que je n'aime pas être bon public et donner la bonne réponse à une question rhétorique.

J'savais bien qu'il y avait un truc : T_Chance est un petit malin